L’étude “Les Français et la mobilité au niveau local”, vise à dresser un état des lieux sur les attentes des Français en matière de mobilité, dans un contexte où ces enjeux se révèlent être un défi majeur des années à venir. En effet, loin d’être harmonisées sur le territoire français, les solutions de mobilité, qu’elles soient individuelles ou collectives, nécessitent des approches localisées, en phase avec les attentes des citoyens.

Afin de permettre une analyse pertinente localement, cette étude interroge les Français sur leurs attentes en fonction de la perception qu’ils ont de la zone où ils résident (centre-ville d’une grande ville, banlieue d’une grande ville, commune à proximité d’une grande ville, zone rurale).


En matière de mobilité, il existe une fracture territoriale majeure entre les grandes villes et les zones peu denses – 66% des Français se sentiraient isolés sans voiture
La voiture occupe une place prépondérante dans la vie de nombreux Français. Elle reste, pour la plupart d’entre eux, le premier moyen de transport utilisé au quotidien que ce soit pour faire ses courses (69%), rendre visite à des proches (69%), travailler (61%) ou effectuer ses activités de loisir. Les habitants des grandes villes et des périphéries y recourent logiquement moins souvent que la moyenne, mais pour les habitants des communes proches d’une grande ville et ceux vivant en zone rurale, respectivement 82% et 88% utilisent ce mode de déplacement pour faire leurs courses.

Il existe une importante fracture territoriale en matière de mobilité, avec des différences importantes entre les territoires denses et les zones rurales, et qui dépend de l’offre de transports, et plus particulièrement de transports en commun, dans ces territoires. Ainsi, si les Français ont d’autres formes de mobilité à proximité et avec un service disponible, 68% considèrent que les transports en commun pourraient répondre à leurs besoins en termes de mobilité. Mais ils ont une perception différente de l’offre de transports en commun selon les zones dans lesquelles ils habitent : 81% des habitants des grandes villes la trouvent efficace, contre seulement 29% pour les habitants des zone rurales.

Ainsi, la voiture apparaît comme incontournable et ne constitue pas un choix pour 51% des Français. Ils sont même 66% à avoir le sentiment qu’ils seraient isolés s’ils n’avaient pas ce mode de déplacement à disposition. Ce chiffre atteint 83% pour les habitants des zones rurales.

A propos de leurs activités quotidiennes, seuls 34% des Français considèrent qu’ils pourraient faire tout ce qu’ils font aujourd’hui sans voiture à disposition (contre 50% pour les habitants des grandes villes).

Ces chiffres démontrent que, pour la plupart des Français, y compris en ville, de nombreuses activités (rendre visite à ses proches, faire ses courses, etc.) deviennent inaccessibles s’ils n’ont pas de voiture. Une ville sans voiture n’a aucun sens, quand on constate qu’1 Français sur 2 est dans l’incapacité de mener ses activités quotidiennes s’il n’a pas de voiture.

Les Français ont de fortes attentes vis-à-vis de leur commune concernant la mobilité du quotidien
Les Français sont une majorité à avoir des attentes fortes vis-à-vis de leur commune en matière de politique de mobilité. Ils sont ainsi 53% à vouloir que leur municipalité s’engage plus pour concrétiser l’intermodalité, 52% à estimer que la commune devrait développer l’usage du vélo, 52% à penser que la commune devrait mettre en place davantage d’infrastructures de recharge pour les véhicules électriques ; ils sont un Français sur deux à souhaiter que sa commune propose des aménagements et des mesures incitatives pour le covoiturage et l’autopartage.


La lutte contre la congestion constitue une attente forte dans les grandes villes. Les priorités des Français, en termes de politique locale, dépendent de leur zone d’habitation : ainsi, 60% des habitants des grandes villes considèrent que la municipalité doit lutter contre la circulation et la congestion (contre seulement 29% des habitants de communes rurales) ; respectivement 46% des citoyens des grandes villes et 42% de ceux qui habitent en périphérie veulent que la mairie s’investisse plus sur la mise en place de Zones à Faibles Emissions, ce chiffre chutant à 23% en zone rurale.

Les résultats démontrent que la question automobile n’est pas que celle des automobilistes. Les politiques menées sur la question de l’automobile ont un effet beaucoup plus global sur la congestion du trafic, les difficultés de déplacement ou la qualité de l’air, et touchent la population de façon plus large, y compris les piétons. La politique en matière automobile n’est pas qu’une question individuelle, elle touche les politiques publiques de façon plus larges.


Un manque d’information sur la mobilité, des incertitudes sur les choix à effectuer en matière de motorisation
Même s’ils sont sensibles aux enjeux de mobilité, les Français souffrent d’un manque d’information. Ils sont par exemple encore 47% à être dans l’incertitude vis-à-vis de la motorisation qui correspondrait le mieux à leurs besoins de mobilité. Ce manque d’information est plus problématique quand il concerne aussi des mesures incitatives qui doivent permettre de développer les nouvelles mobilités. C’est notamment le cas des aides financières qui doivent permettre le renouvèlement de parc automobile, mal comprises par 57% des Français.


Concrétiser les objectifs en matière de mobilité et notamment en matière de mobilité verte appelle donc à une implication plus forte des pouvoirs publics pour que les Français aient connaissance des possibilités qui s’offrent à eux. Cela est d’autant plus important que 7 Français sur 10 déclarent avoir l'intention d’acquérir un nouveau véhicule dans les prochaines années.

Ces objectifs pourront être atteints au niveau local en créant des instances de gouvernance qui permettent d’associer, pour le développement des politiques publiques locales, les différentes parties prenantes, qu’ils soient professionnels de la mobilité, experts, associations, usagers, etc.

 

Note aux éditeurs : Enquête réalisée en ligne du 25 au 27 février 2020. Échantillon de 1012 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).