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Une taxe majorée provoque la colère de la grande distribution

Un centre commercial Leclerc. Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro

Pour compenser cette mesure fiscale, les entreprises risquent de renoncer au recrutement de 30.000 personnes.

«On est chez les fous…» Connu pour son franc-parler, Michel-Édouard Leclerc, le patron de l'enseigne du même nom, illustre le ras-le-bol des groupes de distribution face à la politique fiscale du gouvernement. Votée mardi à l'initiative des députés, sans que le gouvenement s'y oppose, la hausse de 50 % de la taxe sur les surfaces commerciales (Tascom) alourdit en effet de 200 millions d'euros les charges des magasins de plus de 2500 m2. Une pression fiscale insupportable, estime la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution, alors que François Hollande s'est engagé début novembre à une pause fiscale pour tous en 2015.

La mesure s'ajoute à une série de décisions défavorables à la grande distribution, comme l'intégration du temps de pause dans le calcul des allégements de charge ou l'interdiction des sacs plastique en 2016, deux mesures chiffrées à 180 et 200 millions d'euros. Début novembre, le député PS Bruno Le Roux a par ailleurs proposé de remplacer une taxe de solidarité sur les billets d'avion (taxe Chirac) par une nouvelle contribution de la distribution.

Rajouté à cela les errements gouvernementaux sur le travail dominical et de soirée, et la coupe est pleine. «On fait tout pour maintenir l'emploi, et le gouvernement fait tout pour nous asphyxier», appuie Gérard Atlan, président du Conseil du commerce de France (CdCF), qui regroupe les fédérations de commerçants. À la Fédération du commerce associé (FCA), on souligne «l'exaspération croissante des commerçants» face à cette mesure en forme de cadeau aux entreprises de commerce en ligne, car, sur Internet, il n'y a pas de Tascom.

Premières touchées, avec leurs hypers et supermarchés, les enseignes de la grande distribution ne sont pas les seules à être vent debout contre ce projet. Certes Carrefour et, dans une moindre mesure, Géant Casino devraient être respectivement touchés jusqu'à 40 et 22 millions d'euros, selon des analystes.

Mais les magasins de meubles, à la peine depuis trois ans et qui ne peuvent se passer de grands espaces pour exposer leurs collections, sont aussi touchés. Plusieurs centaines de milliers d'euros, estime l'enseigne tout juste reprise Fly.

Message désastreux

Du côté des concessionnaires automobiles, c'est la double peine. «On ne prend pas en compte les spécificités des activités. Les commerces de proximité que sont les concessionnaires automobiles risquent d'être imposés de la même façon que les grandes et moyennes surfaces. C'est une injustice sur un secteur pour lequel le CICE n'a pas créé d'effets d'aubaine», tonne le CNPA (Conseil national des professions de l'automobile)

Selon les auteurs de l'amendement à l'origine de la hausse de la Tascom, la mesure vise en effet à compenser les effets positifs du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) sur la grande distribution, qui ne souffre pas de concurrence internationale. «Le message lancé aux chefs d'entreprise est désastreux. Comment voulez-vous qu'ils embauchent quand on dit un jour: “On vous donne le CICE”, et le lendemain: “On vous le reprend”, défend Fabienne Prouvost, directrice de la communication de la FCD. Depuis dix ans, la Tascom a déjà augmenté de 400 % et le commerce est déjà le secteur économique le plus imposé de France, avec plus de 80 taxes. Nous n'acceptons plus d'être à nouveau ponctionnés.»

Signe du rapport de force qui se durcit avec le législateur, la FCD, qui estime à 8 000 le nombre d'emplois menacés par la mesure, a purement et simplement suspendu les négociations sociales en cours, ainsi que l'engagement pris il y a un an d'embaucher 30 000 personnes sur trois ans dans le cadre de l'accord sur les contrats de génération. La grande distribution, qui estime être encore le seul secteur en mesure d'employer des jeunes et des salariés peu qualifiés, a demandé «solennellement» à être reçue par Manuel Valls. La demande est, pour l'instant, restée lettre morte…

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