Le bilan des immatriculations pour le mois d’avril 2022 a été publié ce 1er mai, confirmant la chute vertigineuse et ininterrompue que connaît le marché automobile ces deux dernières années. Crise du Covid-19, pénurie des semi-conducteurs et guerre en Ukraine sont autant de chocs violents qui ont plongé le marché automobile dans une situation abyssale, sans aucune perspective de reprise. Pour la première fois depuis 1975, le marché devrait se situer en 2022 en-deçà des 1,5 millions d’immatriculations. L’impact pour la filière automobile dans son ensemble, et le secteur de la distribution automobile en particulier, est immense et sans précédent, alors que ces entreprises ne bénéficient à l’heure actuelle d’aucun dispositif d’accompagnement de la part de l’Etat.

L’automobile fait pourtant partie des rares secteurs qui n’ont jamais connu de reprise depuis la crise sanitaire.

Problématique du pouvoir d’achat des Français, hausse du prix à la pompe et tensions sur le marché du véhicule d’occasion : les ventes à particuliers connaissent une baisse historique

Depuis le début de l’année 2022, le marché automobile connaît une chute vertigineuse : - 18,6% en janvier 2022, - 13% en février, - 19,5% en mars, et enfin -24,63% au mois d’avril 2022 (-22,58% pour les VP, et -31,80% pour les VUL), soit le 11ème mois de baisse consécutive. En comparant les résultats enregistrés entre le mois d’avril 2019 et avril 2022, la baisse enregistrée est de -42% : en avril 2019, 188.000 étaient immatriculés, contre 140.000 en avril 2021, et 108.723 immatriculations en avril 2022.

Le marché est confronté à un empilement de chocs violents, crise sanitaire, pénurie des semi-conducteurs et guerre en Ukraine, qui ont contribué à l’aggravation progressive des chiffres du marché automobile, et aux chiffres alarmants enregistrés ces derniers mois. Aucun retour à la normale n’est prévu avant fin 2023 / débaut 2024 selon les acteurs du marché, l’inquiétude grandissant chez les entreprises de la filière sur les conséquences de cette dérive.

Le canal des ventes à particuliers est historiquement bas. En comparant le premier trimestre 2022 et le premier trimestre de 2021 sur le segment des particuliers, la baisse enregistrée s’élève à -11,3%. En comparaison du premier trimestre 2007, année où le marché français se situait à un niveau de ventes « normé » à 2 millions d’immatriculations, la baisse se situe à -41,3%. Seule exception, la relative résistance du marché aux particuliers sur le mois de mars 2022, avec seulement -7%, qui constitue un phénomène isolé, pouvant s’expliquer par l’anticipation d’une hausse du prix du catalogue de véhicules et l’augmentation du prix des carburants, favorisant les ventes de véhicules électriques.

L’automobile est au cœur de la problématique de pouvoir d’achat des Français : dans un contexte de pénurie des semi-conducteurs et de crise ukrainienne, la hausse constante du prix des véhicules, la contraction du marché du véhicule d’occasion et l’augmentation des prix des carburants ont un impact immédiat sur l’accès à la mobilité quotidienne des ménages.

La crise des composants électroniques a également de lourdes conséquences sur les stocks de véhicules détenus par les concessionnaires automobiles, qui n’ont jamais été aussi bas : -43% s’agissant du VN, et -13% sur le VO, par rapport à 2021, selon un sondage réalisé par Mobilians. Les délais d’approvisionnement en véhicules n’ont jamais été aussi longs, avec un délai supplémentaire qui est en moyenne de 4 mois supérieur à la normale (+ 126 jours), selon cette enquête menée auprès des concessionnaires automobiles.

La pénurie de véhicules a également un impact considérable sur le secteur de la location de véhicules : les immatriculations de véhicules sur le canal de la location de courte durée s’est effondré par rapport à 2019, en enregistrant une baisse de -57,8%. Cette chute aura des conséquences sur le verdissement des flottes, provoquant un ralentissement, alors que la location constitue un levier indispensable d’accélération de la décarbonation du parc automobile.

 

Avec l’arrivée du nouveau Gouvernement, la nécessité d’un Plan d’urgence pour répondre à la crise de la filière automobile

Selon l’étude menée par Mobilians auprès de ses adhérents fin avril 2022, les distributeurs automobiles sont de plus en plus inquiets sur l'évolution de la situation, et l’absence de toute reprise à court et moyen terme. Contrairement à la période de la crise sanitaire, pendant laquelle les distributeurs bénéficiaient d’une prise en charge totale du chômage partiel, il n’existe pas de mesure comparable en 2022, alors que le secteur s’enfonce lourdement dans la crise.

L’enquête réalisée par Mobilians indique que les ajustements devraient s’opérer sur les effectifs salariés des distributeurs automobiles : 43% des concessionnaires projettent de réduire leurs effectifs, et 46% d’entre eux pensent devoir le faire dans le délai des trois prochains mois.

Parmi les priorités du prochain Gouvernement, Mobilians demande de fixer une réunion de crise en urgence avec les acteurs de la filière automobile, afin d’étudier les mesures permettant de répondre à la chute abyssale du marché et à la problématique grandissante du pouvoir d’achat des Français.

Parmi les pistes d’actions à explorer, des dispositions visant à accompagner les entreprises du secteur et à répondre à l’enjeu croissant de pouvoir d’achat :
- mise en place du chômage partiel avec une prise en charge à 100% par l’Etat, à l’instar des mesures d’urgence prises dans le cadre du Covid-19, permettant d’éviter les réductions d’effectifs ;

- instauration de nouveaux PGE, pour répondre à la situation de crise dans laquelle se trouvent les entreprises du secteur ;
- adoption de mesures spécifiques à l’attention des Français les plus modestes pour faciliter leur accès à la mobilité du quotidien : il s’agit de définir des mesures adaptées aux publics visés, en limitant le reste à charge pour parvenir à une réelle efficacité. Les modalités d’un « leasing social » annoncé lors de la campagne par Emmanuel Macron devront ainsi par exemple être précisées.
Mobilians se tient prêt pour échanger sur les modalités de ce plan d’urgence ainsi que sur un plan de formation intensif au niveau de la Branche des services de l'automobile dès l’arrivée prochaine du nouveau Gouvernement.

 

Il faut enfin noter que l’explosion des prix de l’énergie et les difficultés d’approvisionnement pèsent tant sur les entreprises que sur les consommateurs. Elles se traduisent par un retour de l’inflation, un ralentissement de la consommation et une croissance qui marque le pas. Dans ce contexte, le début du remboursement des prêts garantis par l’Etat (PGE) tombe au plus mal. Rappelons qu’en moyenne une entreprise ayant emprunté l’équivalent de 25% de son chiffre d’affaires doit avoir un résultat de plus de 5% pour couvrir les mensualités concentrées sur 4 ans. Et ce, sans compter les autres emprunts et décalages de charges sociales et fiscales. Une mission quasi impossible sans une activité en forte croissance. Il est donc impératif, pour les entreprises ayant un modèle économique viable, de simplifier la procédure permettant de porter la durée de remboursement des PGE jusqu’à 10 ans, seul moyen de rendre soutenables les échéances.

Mettre « en défaut » les entreprises effectuant cette demande, comme cela se pratique aujourd’hui, c’est rendre inopérant le dispositif. Et prendre le risque de voir se multiplier les défaillances d’entreprises devenues incapables de supporter à la fois les difficultés liées à la conjoncture et de faire face à des mensualités trop lourdes. Sans réactiver le « quoi qu’il en coûte » et en procédant au cas par cas, Mobilians considère que cela doit être une des priorités économiques du prochain gouvernement.

 
 
Très cordialement,
 
Xavier Horent, Délégué Général / PO. Francis Bartholomé, Président national