Face à un effondrement du commerce automobile et à l’arrêt prévisible de pans entiers de l’activité industrielle par manque de débouchés, le CNPA demande au Gouvernement, dans le cadre du Conseil de Défense prévu jeudi 12 novembre, la réouverture des points de vente automobiles.
 
Cette mesure doit être prise en respectant deux conditions, liées aux impératifs sanitaires et économiques qu’imposent la crise sanitaire :
- la mise en place d’un dispositif sanitaire renforcé dans les concessions (prise de rendez-vous, augmentation de la jauge d’accueil par client, possibilité de subordination de la visite au téléchargement de l’application « Tous Anti Covid ») ;
- le maintien de l’éligibilité à l’activité partielle car la réouverture de ces activités ne garantira en aucun cas leur rentabilité économique.
 
 
Si rien n’est fait, bientôt la fermeture des usines ?
 
Les limites du « click & collect » sont désormais atteintes avec une chute de 80% de l’activité commerciale depuis le début du second confinement. La baisse est estimée à 30 % sur l’ensemble de l’année 2020, soit un retour au niveau de 1975, avec 500.000 véhicules de moins qu’en 2019.
 
Malgré le développement du digital, le commerce automobile reste un commerce fondamentalement présentiel : 72% des clients souhaitent réaliser un essai du véhicule ; 86% des clients de véhicules neufs pensent que le contact humain en concession est essentiel.
S’il est illusoire d’imaginer qu’un achat automobile puisse se faire intégralement en ligne, il est également important de distinguer le renouvellement des flottes de société, qui peut davantage privilégier le « click and collect », des achats par les particuliers.
 
Les réseaux de distribution sont indissociables de l’industrie, dont ils assurent l’écoulement de la production, le portage financier des stocks et le financement des acquisitions.
Or les stocks de véhicules particuliers et de véhicules utilitaires légers sont reconstitués à un niveau légèrement supérieur au printemps dernier, soit, à ce jour, 4 mois de production.
Actuellement, la moyenne quotidienne de véhicules livrés, qui sont des véhicules commandés avant le confinement, s’élève à seulement 4200 véhicules, contre 9000 unités en temps normal. La quasi-absence de commandes nouvelles laisse augurer une baisse drastique des livraisons dans les prochains jours.
Les constructeurs ont adapté depuis quelques années leur outil de production aux véhicules réellement commandés dans les concessions, afin d’éviter une surproduction. Ainsi, lorsque les commandes décélèrent, les chaînes de production sont contraintes de ralentir rapidement en conséquence.
 
Sans réouverture des points de vente, l’industrie automobile et l’ensemble de ses sous-traitants seront conduits à diminuer rapidement et fortement leur activité.  
 
Confrontés aux mêmes difficultés, de nombreux pays de l’Union Européenne ont choisi de rouvrir les points de ventes : c’est ainsi le cas de l’Allemagne, de l’Espagne, ou de la République tchèque.
 
En outre, l’ouverture des points de vente apporterait davantage de cohérence aux différents dispositifs gouvernementaux :
 
§  Assurer un traitement équitable entre les modes de transport, le commerce des 2-Roues étant actuellement autorisé sans restriction par le décret du 29 Octobre 2020 ;
§  Donner leur pleine dimension aux dispositifs de verdissement des flottes qui viennent d’être prorogés (PAC et bonus/malus).
§  Permettre aux clients d’essayer les nouvelles technologies, notamment hybrides et électriques.
 
Le CNPA réaffirme la demande présentée avec ses partenaires industriels (PFA, FIEV, CSIAM) lors du Comité stratégique de filière de réouverture de l’ensemble des points de vente, dans des conditions de sécurité sanitaire renforcées.
 
Le CNPA attire l’attention du Gouvernement sur les ventes de véhicules d’occasion - dont l’ultra majorité est effectuée à l’extérieur des établissements - , pour lesquels la fermeture des commerces a un impact encore plus important que pour les véhicules neufs : la réouverture des points de vente permettrait de faire repartir cette activité, la première à avoir redémarré après le premier confinement, et qui permet d’assurer l’équilibre économique des points de vente tout en répondant à une forte demande sociale.
 
Un protocole sanitaire renforcé, et un soutien tant au marché VN que VO
 
Le CNPA est pleinement mobilisé, depuis le début de la crise sanitaire, pour assurer la sécurité des employés et des clients : protocole national et guide sanitaire avec les partenaires sociaux, mise à disposition de masques, innovation dans les prises de commande et les livraisons, etc.
 
Les entreprises de distribution automobile sont, en outre, classées en ERP 5, témoignant de leur faculté à gérer les flux de clientèle sans compromis avec la sécurité sanitaire. Aucune entreprise de distribution automobile n’a été identifiée comme « cluster » à ce jour.
 
Dans cet esprit, cette réouverture ne se fera que dans le cadre très strict d’un protocole sanitaire renforcé.
 
Le CNPA propose un dispositif sanitaire renforcé :
 
1. Prise de rendez-vous permettant d’étaler le flux de clientèle, de tenir un registre garantissant la traçabilité, d’adapter les horaires d’ouverture.
 
Le client doit pouvoir effectuer un essai du véhicule, dans un laps de temps limité et dans une zone restreinte autour de la concession, pour que l’achat puisse se conclure.
 
2. Augmentation de la jauge à 10m2 par client présent dans les showrooms automobiles - à l’instar de l’Allemagne. La surface moyenne des concessions dans l’Hexagone permet d’assurer sans aucune difficulté une jauge de 10 m2 par client.
 
3. Possibilité pour les points de vente de subordonner la réalisation de la visite client au téléchargement de l’application « Tous Anti Covid ».
Les concessions pourraient relayer efficacement la communication et la promotion de cette application.
 
Il est indispensable également de soutenir le marché du VO, qui a résisté à la crise en 2020 en permettant un accès à la mobilité des ménages à moindre coût. Ce marché permet également d’assurer la rentabilité des réseaux de distribution. La réouverture des points de vente doit bien sûr concerner les showrooms de VO et les parcs de VO extérieurs, dans les mêmes conditions que pour le marché du VN (jauge d’accueil des clients et essais des véhicules).
 
Le maintien de l’activité partielle, une condition nécessaire
 
Le commerce automobile représente 42 000 entreprises, dont 95% ont moins de 50 salariés, et emploient 160 000 personnes. Ces entreprises sont encore très fragilisées par le premier confinement. L’été ne leur a pas suffi, loin s’en faut, à corriger la chute drastique de l’activité au printemps. Elles ont eu massivement recours à l’activité partielle et aux PGE, qui restent essentiels à leur survie.
 
Le maintien de l’éligibilité intégrale aux dispositifs d’activité partielle et de PGE, quelle que soit la baisse de chiffre d’affaire, est une condition majeure de la réouverture des points de vente et de l’activité commerciale (showrooms, essais).
 
Compte tenu de l’incertitude quant aux comportements des clients (flux de clientèle, réalité des souhaits d’achat…), la décision de lever l’interdiction administrative ne doit pas entraîner la perte du dispositif de chômage partiel sans condition de baisse de chiffre d’affaires. Dans le cas contraire, elle dégraderait davantage encore la situation des entreprises concernées.
 
Le CNPA demande, en cas de réouverture des points de vente, que ces derniers aient la garantie de pouvoir continuer à recourir à l’activité partielle – et ce, quelle que soit la baisse du chiffre d’affaires.
 
Le CNPA attire par ailleurs l’attention du Gouvernement sur des applications différentes de l’éligibilité au chômage partiel selon les DIRRECTE. Cette situation est source d’incompréhension et d’anxiété pour les chefs d’entreprises.
 
Une incohérence complète entre les mesures de restriction sanitaire et la fiscalité environnementale
 
Enfin, le CNPA souligne à nouveau le manque de cohérence entre les mesures de restriction d’activité commerciale, qui empêchent les déplacements dans les points de vente, et les mesures de fiscalité environnementale en passe d’être adoptées par le Parlement : d’une part, la fermeture des points de vente ne permet pas de profiter des aides à l’acquisition et de la prolongation du bonus et de la prime à la conversion telle qu’annoncée à l’occasion du dernier Comité Stratégique de la Filière Automobile ;
 
D’autre part, sans même avoir de visibilité quant aux conditions de reprise de l’activité, le Gouvernement est en passe de faire adopter un barème du malus écologique dont l’augmentation sans précédent (malus sur le CO2 et malus sur le poids) impactera 45% des véhicules du marché français dès 2022. La proposition du Gouvernement, mettant en place le malus poids, sera examiné ce jeudi 12 novembre à l’Assemblée nationale.

Très cordialement, bon courage à toutes et à tous,

Xavier Horent, Délégué Général / PO. Francis Bartholomé, Président national

 

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