La date de réouverture est d’autant plus attendue que l’effondrement de l’activité au sein des services de l’automobile est manifeste : le CNPA a réalisé une enquête auprès de 2000 entreprises, qui témoigne de la baisse drastique de leur activité à J+20 du reconfinement.

La fébrilité monte chez les professionnels, qui interrogent massivement le CNPA sur les mesures sociales et économiques et les dispositifs en soutien de cette période (activité partielle, exonérations de cotisations sociales, télétravail, etc.) : ce sont 7.500 consultations qui ont été opérées par les services du CNPA depuis le reconfinement.

En outre, le CNPA a été saisi de pratiques déviantes dans les méthodes utilisées dans les contrôles opérés par les services de l’Etat, qui ne sont pas de nature à apporter un cadre serein aux chefs d’entreprises et à leurs équipes, alors que la profession est exemplaire tant dans la gestion sociale que sanitaire en cette période particulièrement complexe. Le CNPA adressera un courrier aux Ministères concernés.

 

Une volonté claire du Gouvernement de réouverture, dans le cadre d’un dispositif sanitaire renforcé

Lors de la réunion de ce 20 novembre, auquel participait le CNPA, le Ministre de la Santé a rappelé que le Pays "au sommet de la crise sanitaire" s'inscrit encore dans une séquence de circulation active du virus, même si la situation générale est en train d'évoluer favorablement. Il apparaît donc "possible" d'envisager une "adaptation" du confinement à partir de l'édiction de règles simples, intelligibles et "universelles" au sens où elles auront vocation à s'appliquer de manière homogène et durable.

En phase avec l’objectif posé par le Ministre de l’Economie de donner une perspective stable aux commerces et de réunir toutes les conditions pour permettre leur réouverture, le CNPA rappelle la qualité du guide sanitaire et des fiches métiers réalisés par les partenaires sociaux de la Branche des services de l’automobile au printemps dernier.

Les recommandations sanitaires futures auront par conséquent deux étages : d'une part, les guides et fiches métiers élaborés au niveau des Branches, et, d'autre part, le protocole national sanitaire transversal à l'ensemble des secteurs d'activités.

Ce protocole national va être actualisé en tenant compte des échanges effectués à l'occasion de cette réunion. Il sera transmis aux autorités de santé, en charge de délivrer un avis scientifique au Gouvernement, dans la perspective des décisions qui seront définitivement arrêtées par le Président de la République.

Trois questions principales ont fait l’objet de cette réunion, auxquelles le CNPA a répondu positivement :

 

ð  L'adaptation de la jauge : celle-ci, de 4 m2 par personne aujourd'hui, passerait à 8 m2 - calculés à partir de la surface globale du point de vente ou de l'entreprise recevant du public, et sans y intégrer le personnel dédié. Les personnes d'un même foyer ou les accompagnants compteront pour une seule personne. La nécessité de renforcer les affichages d'ordre sanitaire à l'entrée des établissements, les points de mise à disposition de gel hydroalcoolique et les signalisations internes de circulation ont également été évoqués.

ð  De même, un accord a été trouvé pour procéder à un comptage et à un contrôle à l'entrée pour les établissements de plus de 400 m2. Enfin, les secteurs présents se sont engagés à assurer, en particulier, la promotion systématique du téléchargement de l'application "Tous Anti Covid".

ð  Concernant les prises de rendez-vous, dont l'obligation ou non a été discutée, il en ressort qu'ils resteraient facultatifs afin de ne pas ajouter de contraintes dans les différentes formes et tailles de commerces. Une simple recommandation sera préconisée, notamment pour l'accueil des personnes vulnérables.

 

L'ensemble des secteurs d'activités a souligné la nécessité de pouvoir procéder à des ouvertures dominicales sans restriction municipale ou préfectorale sur les mois de décembre 2020 voire de janvier 2021, avec une souplesse au niveau de la gestion des amplitudes horaires. Une concertation rapide sera mise en place avec les Branches concernées pour statuer sur les adaptations d'ordre réglementaire à effectuer dans le respect du dialogue social. Le CNPA participera à cette consultation du Ministère, et sera attentif à ce que l'accès des services de l’automobile à l'activité partielle soit garanti.

 

Le Président de la République annoncera, lors d’une allocation prévue le mardi 24 novembre, la date de réouverture, au regard de l’ensemble des éléments d’appréciation qui lui seront remontés, sachant que le 4 décembre est désormais acté pour l'organisation du "black friday".

 

La volonté des Ministres présents de procéder rapidement et clairement aux réouvertures des secteurs commerciaux associés à ces échanges est indiscutable. L'objectif est de rassurer les acteurs économiques et leurs clients en stabilisant un cadre lisible d'organisation à court et long terme pour éviter les "stop and go" dans toute la mesure du possible.

Le CNPA en prend acte et se félicite que ses propositions, soutenues par l'ensemble de la filière, aient été retenues. La sortie du tunnel, avec les exigences de sécurité sanitaire auxquelles répond le secteur automobile de manière incontestable, devient de plus en plus pressante comme en témoigne les résultats alarmants de l’enquête économique menée par le CNPA à J+20 du confinement.

 

Un effondrement de l’activité des concessions automobiles

Le baromètre réalisé par le CNPA sur la période du 1er au 15 novembre le démontre, l’effondrement des activités des services de l’automobile exigent en effet des mesures d’urgence de la part du Gouvernement.

Ainsi, la baisse de nouvelles commandes de voitures neuves par rapport à l’année N-1 atteint -68,5%, les commandes de ventes de véhicules d’occasion chutant à -78%. Cela représente une importante baisse de TVA perçue par l’Etat, estimée à 1,8 Milliards d’Euros.

Malgré le développement du digital, la vente à distance et le « click and collect » montrent leurs limites dans un commerce qui reste fondamentalement présentiel : 72% des clients souhaitent réaliser un essai du véhicule ; 86% des clients de véhicules neufs pensent que le contact humain en concession est essentiel, selon une étude ICDP menée pour le CNPA en octobre 2020. Il est illusoire d’imaginer qu’un achat automobile puisse s’opérer intégralement en ligne, même si un système de distribution multicanal complémentaire se développera progressivement. Selon une enquête effectuée par Identicar du 12 au 15 octobre 2020 auprès de 23.000 membres du club éponyme, 3% des achats s’effectuent en ligne.

Cette baisse d’activité entraîne une hausse considérable des stocks en concessions : sur un échantillon de 22.000 professionnels, le stock de véhicules d’occasion s’élève à près de 500.000 unités, soit le même niveau qu’à l’issue du premier confinement. La valeur des stocks pèse pour plus de 9 Milliards d’Euros, dont 49% de véhicules diesel, 42% de véhicules essence et 8% de véhicules hybrides et électriques. L’enjeu d’immobilisation et de dépréciation des stocks est majeur pour les distributeurs, qui devront les écouler rapidement dès la reprise complète de l’activité, alors que pour 78% d’entre eux, les objectifs de ventes sont maintenus par les constructeurs en dépit du confinement.

Les concessionnaires ont largement fait appel au Prêt Garanti par l’Etat, à hauteur de 69% d’entre eux, les PGE étant à ce jour consommés à 40%.

 

L’entretien-réparation en forte baisse, en dépit des ouvertures

Si les ateliers d’entretien-réparation sont à 100% ouverts et considérés comme « essentiels » par le décret du 29 octobre dernier, ces activités subissent une baisse croissante depuis le début du reconfinement : lors de la première semaine, cette dernière s’élevait à -25% ; cette baisse s’est accentuée, s’élevant à présent à -35% pour l’entretien-réparation, et à -50% pour les carrossiers en particulier. La baisse de fréquentation concerne surtout l’activité auprès des particuliers, à hauteur de 80%, l’activité auprès des professionnels étant davantage préservée. 60% des entreprises d’entretien-réparation déclarent avoir recours à l’activité partielle pour faire face à la baisse croissante de leur activité.

84% des centres de contrôle technique indiquent subir une baisse de leur activité, avec une baisse de 20% en moyenne. 71% d’entre eux estiment que cette baisse devrait se poursuivre d’ici à fin novembre, 50% d’entre eux ayant recours à l’activité partielle.

Dans ce contexte de baisse de l’activité de réparation et du Plan de Relance initié par le Gouvernement, le CNPA rappelle qu’aucune mesure n’a été prise à ce stade en faveur de l’entretien des 39 millions de véhicules du parc roulant et au soutien à l’entretien-réparation automobile. C’est dans ce contexte que le CNPA souhaite promouvoir la création d’un « chèque entretien-réparation responsable » qui permettrait aux ménages modestes d’entretenir leur véhicule, pour répondre aux enjeux de sécurité routière et de prévention de la pollution, dans un contexte d’accélération de la mise en place des ZFE.

 

Les métiers de la mobilité partagée, les startups et le stationnement toujours particulièrement touchés par la crise

Si la location de véhicules est ouverte pendant cette période, le secteur se situe au cœur des activités les plus touchées par la crise, à savoir le tourisme et le transport. La baisse des réservations, depuis le reconfinement, s’élève à -72% par rapport à N-1, la baisse cumulée depuis le début de l’année se situant à -60% en comparaison à 2019. Les loueurs subissent une « double peine » alliant absence quasi-totale de chiffre d’affaires au maintien de coûts de flotte très importants (stockage, assurance, et perte de valeur des véhicules, même non utilisés). Dans ce contexte, les loueurs ont demandé d’être pleinement intégrés parmi les secteurs protégés du Plan Tourisme : présents en « liste S1 » pour l’accès aux dispositifs de fond de solidarité et d’exonérations de charges, il est absolument primordial qu’ils puissent faire partie intégrante de « l’annexe 1 » en matière d’activité partielle.

Les startups de la mobilité ont quant à elles constaté une baisse d’activité entre 50% et 60%. Depuis le début de la crise sanitaire, ce secteur a connu une baisse significative des utilisations et des réservations. La situation devenant de plus en plus imprévisible, avec la crainte de la disparition d’un pan entier de nombreuses startups innovantes françaises. Les startups sont les grandes oubliées du Plan de Relance, ne bénéficiant pas des dispositifs mis en place par l’Etat. Les startups ont ainsi sollicité le Gouvernement afin d’être éligibles aux mesures de soutien (activité partielle, fonds de solidarité, exonération de charges). En effet, la situation se dégradant chaque jour, ces entreprises ne seront bientôt plus à même de mener des investissements. La situation des plateformes de transport de personnes (covoiturage) est particulièrement problématique ; n’étant éligibles à aucune mesure de soutien, elles ont sollicité l’intégration au sein de la liste S1 du Plan Tourisme auprès des pouvoirs publics.

Le stationnement est également particulièrement touché : les mesures de restriction des rassemblements, les limitations de déplacement, puis les deux confinements ont eu pour effet une baisse de fréquentation oscillant entre 80% et 100% dans la quasi-totalité des parcs de stationnement, en raison de la fermeture des commerces et des générateurs d’activité. Les opérateurs de stationnement connaissent des chutes vertigineuses de chiffre d’affaires. C’est dans ce contexte, que les parcs de stationnement ont demandé l’éligibilité en « liste S1 bis » et « annexe 2 » du Plan Tourisme.

Enfin, le rayon d’un kilomètre pour les déplacements devra à terme être révisé : pour la pratique du vélo par exemple, ces limites rendent la pratique peu attractive, là où il faut au contraire l’encourager. Il est indispensable de réexaminer les attestations de mobilité en ce sens.

 

Les auto-écoles en attente d’une réouverture

Les auto-écoles, considérées comme fermées au regard du décret du 29 octobre, ne sont autorisées à ce stade à assurer les seules épreuves du permis de conduire. Elles ne peuvent pas dispenser de formations théoriques, ce qui est particulièrement problématique : si la profession s’est résolument engagée en faveur d’un processus de digitalisation, les apprentissages en présentiel demeurent indispensables dans un secteur éducatif nécessitant un accompagnement individuel personnalisé en raison des enjeux de sécurité routière. Les auto-écoles de proximité souhaitent être autorisées à poursuivre leur activité et à dispenser les cours de conduite nécessaires au passage de l’examen du permis de conduire.

 La profession a établi un strict protocole sanitaire afin d’assurer la poursuite des examens en toute sécurité pour les élèves, les inspecteurs et les examinateurs. Au-delà des règles évidentes de port du masque et de désinfection des mains, de nombreuses mesures ont été prises pour assurer la sécurité sanitaire au sein de l’habitacle du véhicule, sur la moto, mais également dans les centres d’examen. Ce protocole sanitaire a démontré son efficacité et permet de justifier la réouverture de ces commerces, afin de préparer au mieux les élèves et limiter le risque d’échec qui conduirait à un allongement supplémentaire des délais du permis.

Dans ce contexte de fébrilité croissante chez les professionnels, le CNPA prend acte avec satisfaction des discussions avec le Gouvernement, et suivra avec attention les annonces qui seront dévoilées au cours des prochains jours.

 

Xavier Horent, Délégué général du CNPA, indique : « Nous n’attendons pas simplement l’ouverture des commerces au 27 novembre, mais également une perspective claire permettant de concilier le court et le long terme, l’économie et la santé ; la solution est la reprise pleine et entière du travail et de la mobilité. Nos entreprises, à commencer par les points de vente ou les auto-écoles, sont des espaces où la sécurité sanitaire et la formation à la prévention sont incontestables. »

 

 

> À propos du CNPA

Le Conseil National des Professions de l’Automobile représente la 5ème branche économique de France avec 142 000 entreprises de proximité et 500 000 emplois non délocalisables. Le CNPA défend l’intérêt général des services de l’automobile en animant une dynamique de filière et en développant une approche prospective sur des thèmes communs à tous les métiers de la mobilité tels que l’activité économique, l’emploi, les nouvelles technologies, le développement durable ou encore l’économie circulaire.

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