Le 19 mai dernier, l’Institut Montaigne publiait une note intitulée “Du permis à l’emploi : roulez jeunesse”. Ce document de réflexion reprend un constat posé depuis de nombreuses années par les écoles de conduite de proximité, ce qui représente un motif de satisfaction pour la profession : le permis de conduire est un passeport pour l’emploi, particulièrement pour les moins diplômés. Cependant, le reste à charge pour l’élève demeure encore trop souvent un frein à l’éducation routière.

Les auto-écoles de proximité, qui maillent l’ensemble de notre territoire, des centres urbains aux communes rurales, forment la quasi-totalité des apprentis conducteurs et garantissent ainsi une amélioration significative de la sécurité routière. On peut ainsi s’étonner que l’Institut Montaigne n’ait pas auditionné les professionnels de l’éducation routière dans le cadre de la préparation de son rapport.

Les écoles de conduite, fédérées au sein de Mobilians, poursuivront leur analyse de ces enjeux à l’occasion de leur Congrès annuel, qui se tiendra ces 3, 4 et 5 juin, à Mandelieu-la-Napoule – réunissant près de 700 professionnels, ainsi que des universitaires et personnalités qualifiées. En amont de ce temps fort, ils ont fait une analyse précise des propositions développées dans la note de l’Institut Montaigne, afin d’apporter leur contribution à ces réflexions.

Sur l’économie du secteur, tout d’abord, le rapport de l’Institut souligne que les auto-écoles en ligne représenteraient près de 70% de parts de marché pour le code de la route, et environ 10 % de parts de marché pour l’examen pratique. Ces chiffres ne représentent pas la réalité, les communications officielles du ministère de l’Intérieur évaluant un volume inférieur à 4%.

La note de l’Institut souligne que la préparation du permis aurait assez peu évolué. Cette affirmation semble méconnaître les investissements engagés par les auto-écoles de proximité sur la numérisation, et leur engagement en faveur de la transition écologique – verdissement des flottes, recours aux simulateurs et lunettes de réalité virtuelle, etc. L’éducation routière a complètement pris le virage de la digitalisation des pratiques.

Mobilians rejoint le constat fait par l’Institut sur le manque d’inspecteurs, qui constitue un réel frein au passage du permis de conduire. Les auto-écoles soulignent depuis plusieurs années le manque d’examinateurs dans plusieurs zones en France. L’entrée en vigueur progressive de la plateforme publique RDVPermis permet une répartition juste et sans perte de places d’examens. Si ce système est efficace il n’a pas vocation à produire des places d’examens.

C’est pourquoi il faut éviter la privatisation du permis de conduire, qui générerait des risques importants de fraudes, une augmentation des permis falsifiés, et aurait un impact sur l’accidentalité routière. La seule solution est l’embauche d’examinateurs et d’inspecteurs du permis de conduire en nombre suffisant, c’est-à-dire 200 agents sur l’ensemble du territoire.

En outre, Mobilians juge qu’il paraît irréaliste d’introduire une redevance lors du passage de l’épreuve pratique du permis : la création d’un impôt, au regard de la situation sociétale actuelle, n’est pas viable.

Aller plus loin sur le financement du permis de conduire

L’Institut Montaigne propose, pour réduire le coût du permis, d’étudier la possibilité de permettre aux jeunes qui opteraient pour un engagement tel que le service civique ou le service national universel (SNU) de passer leur permis gratuitement dans ce cadre. Mobilians juge que le recours au SNU ne constitue pas une réponse suffisante pour renforcer l’accès du permis pour tous.

Il apparaît problématique que la note de l’Institut Montaigne n’ait mené qu’une analyse partielle, en ne mentionnant pas la montée en puissance très nette du financement du permis par le biais du Compte Personnel de Formation, depuis sa mise en place en 2017. Eu égard au succès du dispositif, qui n’est cependant accessible qu’aux personnes en emploi, les écoles de conduite proposent d’élargir la mesure, en rendant accessibles les droits du CPF au sein de la famille nucléaire, par une portabilité intra-familiale.

Mobilians rejoint en revanche le diagnostic de l’Institut Montaigne sur l’élargissement du recours au simulateur de conduite, qui représente un bon outil dans le cadre de la formation à la conduite, plébiscité par les auto-écoles. De la même manière, les écoles de conduite promeuvent le développement et la levée des freins au passage du permis sur boîte automatique, dans un contexte de progression du véhicule électrique qui devrait entrainer mécaniquement l’augmentation de ce type de permis.

Mobilians poursuivra ces réflexions à l’occasion du Congrès en cette fin de semaine, et présentera ses pistes de propositions à l’occasion de l’arrivée du nouveau Gouvernement en cours d’installation.

À propos de Mobilians

Mobilians est le premier mouvement des chefs d'entreprises du commerce et de la réparation automobile et des services de mobilité : voitures, motos, vélos, véhicules industriels, trottinettes, etc. Notre organisation professionnelle représente près de 160 000 entreprises de proximité et 500 000 emplois non délocalisables partout en France. Mobilians défend les intérêts individuels et collectifs des professionnels de la mobilité par la route et les accompagne dans les évolutions de leurs métiers. Il déploie une action prospective de développement durable et de promotion d'une mobilité individuelle ou partagée en lien avec toutes les parties prenantes

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